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Lutter contre l'obsolescence programmée

06/08/2015
La durée de vie du matériel électrique et électronique, des appareils électroménagers ou même des produits de consommation aurait-elle tendance à diminuer ? Les téléphones portables, smartphones, ordinateurs, tablettes et autres appareils électroniques ont-ils une durée de vie de plus en plus courte ? La responsabilité des fabricants et des industries est-elle en jeu ? Le point sur cette thématique controversée.

Acheter, consommer et jeter

Selon l'alliance Green IT, l'espérance de vie d'un ordinateur de bureau a été divisée par plus que par deux en 25 ans. La durée de vie d'un PC en 1980 dépassait les 10 ans (10,7 ans); en 2011, elle est inférieure à 4 ans. Le responsable : l'obsolescence programmée, cette tendance qui pousserait le consommateur à remplacer un objet plus ancien par celui d'une nouvelle génération souvent plus pratique, plus fonctionnel, plus design, plus puissant et ... plus cher ! La société du prêt à jeter est bien présente.

Consommateur responsable : vrai et faux à la fois.

La tendance à disposer de matériel moins solide que par le passé s'expliquerait-elle par le fait que le consommateur est devenu un brise tout ?

Faux car la sophistication des produits actuels rend souvent les produits plus délicats et plus sensibles. Le meilleur exemple relève du secteur automobile. Une voiture aujourd'hui est remplie d'électronique, élément très sensible à l'humidité et aux chocs. Les nids de poules et les intempéries sur le territoire belge ne sont pas de nature à améliorer la résistance des produits.

Vrai car les erreurs de manipulation peuvent parfois être à l'origine d'une panne. La manipulation des objets n'est pas toujours simple et peut aussi générer des difficultés pour le consommateur. Il y a quelques années, l'industrie avait même inventé un appareil, le Showview pour programmer un magnétoscope trop complexe sur le plan technique. De plus, la lisibilité des modes d'emploi, suite à leur traduction automatique, ne permet pas toujours de comprendre le sens de la manoeuvre à effectuer. D'autant que certains fabricants n'hésitent pas à mettre à disposition des consommateurs un CD reprenant un mode d'emploi coûteux à l'impression vu le nombre de pages considérables à imprimer.

Fabricant responsable : vrai et faux à la fois.

La fiabilité des produits, des produits irréparables, l'évolution rapide sont bien présentes chez les producteurs.

Vrai car au-delà de ces difficultés, des produits sont de moins en moins solides ou fiables. Aujourd'hui, la société est plus stricte en matière de contrôle et de principe de précaution. De ce fait, les contrôles sont plus nombreux et renforcés et le constat d'un nombre d'appareils de moins en moins solides est bien réel. Le système européen de rappel de produits dangereux (le RAPEX) est régulièrement activé. S'agit-il d'une augmentation du nombre d'appareils défectueux ? D'une efficacité renforcée des contrôles ? Certains produits donnent l'impression d'être plus régulièrement en panne et souvent très rapidement après l'achat.

La responsabilité des fabricants est souvent engagée dans l'irréparabilité des appareils

Vrai. On connaît l'exemple des programmes informatiques vendus en version Bêta, contenant encore de nombreuses erreurs. Il en est de même pour certains produits, surtout quand ils sont fabriqués à bas prix dans des usines où la qualité n'est pas toujours présente. Utiliser du plastique rend les appareils plus fragiles. Souder les appareils rend les réparations difficiles.Les producteurs en situation de monopole peuvent plus facilement imposer leurs choix que dans un environnement concurrentiel. Si un consommateur connaissait la durée de vie réelle d'un appareil ou le défaut de fabrication, il modifierait son choix.Ainsi, la localisation d'un condensateur dont le rôle rôle est d’allumer les téléviseurs LCD et plasma, à des endroits où beaucoup de chaleur est produite diminue la durée de vie de l'appareil. Dans un lave-linge, les roulements à billes nécessaires au bon fonctionnement, sont directement moulés dans la cuve en plastique.Quand l'un fait défaut, il faut remplacer l'ensemble. Et qui dire des batteries inamovibles des iPad et iPhone qui, rechargées tous les jours, tombent en panne à la fin de la garantie. Le Centre européen des Consommateurs estime leur durée de vie à un an, un mois et cinq jours… juste après la fin de la garantie du constructeur !

La volonté d'imposer des nouveautés à tout prix

Vrai. La tendance au renouvellement rapide des produits n'est pas étrangère à leur obsolescence. Certains n'hésitent pas à parler d'obsolescence programmée de manière à inciter le consommateur à racheter le produit. Par ce procédé, les fabricants conçoivent des objets dont la durée de vie commerciale (mais pas nécessairement la durée de vie technique) est délibérément courte. Ce stratagème oblige les consommateurs à remplacer rapidement leurs produits, et donc, à acheter de la nouvelle marchandise. Dans certains cas, les fabricants ajoutent sciemment des défauts de conception à leurs produits.

Cette technique est utilisée par les constructeurs d'appareils électroménagers, d'ordinateurs et leurs périphériques, de logiciels, d'appareils avec un cordon électrique, de machines avec un roulement à bille, d'automobiles, d'appareils électroniques, d'appareils domestiques et d'appareils qui requièrent l'utilisation d'une recharge quelconque.

L'obsolescence programmée, un réel problème pour les consommateurs

Sans doute cet aspect est-il le plus souvent mis en cause par le consommateur. Pensons aux GSM et autres smartphones. Les pannes arrivent très souvent après quelques semaines ou quelques mois et leur remplacement se justifie. Mais là, tous les vendeurs ne sont pas toujours corrects et invoquent une mauvaise manipulation du consommateur pour ne pas faire intervenir la garantie.

L'obsolescence programmée peut prendre diverses formes dont celles décrites ci-dessous.

  • Obsolescence par péremption : une pièce du produit ne fonctionne plus et l'appareil est irréparable.
  • Obsolescence indirecte : les produits associés nécessaires au fonctionnement ne sont plus disponibles sur le marché.
  • Obsolescence par incompatibilité : absence de compatibilité avec les versions antérieures d'un logiciel.
  • Obsolescence esthétique : la mode constitue une cause importante d'obsolescence subjective.

La législation sur la garantie protège de l'obsolescence programmée

Pas toujours évident d'accepter qu'après quelques mois, le matériel acheté tombe en panne. Même s'il est garanti. Depuis le 1er janvier 2005, tout bien de consommation vendu doit être assorti d'une garantie de 2 ans (un an pour les biens d'occasion). Dans la pratique, il est bien des cas où cette loi n'est pas appliquée malgré son caractère généreux. La loi prévoit que vis-à-vis du consommateur, le vendeur répond de tout défaut de conformité lors de la livraison de biens, si le défaut se présente dans les deux ans à compter de la délivrance. La période de deux ans est prolongée du temps nécessaire à la réparation ou au remplacement du produit, ou du temps que durent les négociations avec le vendeur en vue de chercher une solution. Exception à cette règle : les biens d'occasion. Pour ceux-ci le délai peut être raccourci, mais il ne peut en tout cas être inférieur à un an à compter de la délivrance.

Le délai de garantie de deux ans vaut pour des biens de consommation que le consommateur achète au quotidien à un vendeur. Il importe qu'il s'agisse de biens de consommation, c'est-à-dire des biens corporels mobiliers telle qu'une table, une voiture, un four à micro-ondes... à l'exception de l'eau, du gaz et de l'électricité. Malheureusement, après les premiers six mois, le consommateur doit prouver que le défaut préexistait. Action souvent difficile voire impossible à mettre en Å“uvre.

Éviter les achats inutiles

Une des erreurs à ne pas commettre consiste à acheter la dernière nouveauté disponible. Souvent, celle-ci est plus fragile et toujours plus chère. Le mieux est d'attendre que le produit ait fait sa maladie de jeunesse. Et puis, le consommateur doit-il vraiment posséder les dernières nouveautés ? Tant que le matériel n'est pas usé, ce n'est pas nécessaire et cela ne le rendra pas plus heureux.

Changer les habitudes des fabricants

Plusieurs actions peuvent être mises en oeuvre pour modifier l'offre et le comportement des fabricants. A titre d'exemple :
  • Augmenter la durée du délai de garantie à 5 ans pour mettre à disposition du consommateur des produits plus solides et renverser la charge de la preuve qui, après 6 mois, est de la responsabilité du consommateur.
  • Améliorer la réparabilité et l'évolutivité des appareils. Faciliter l'ouverture des appareils pour changer une pièce défectueuse, la batterie ou augmenter la capacité mémoire et mettre à disposition des consommateurs des pièces de rechange à des prix abordables tout en luttant contre la contrefaçon.
  • Améliorer le support technique, le service après-vente et les modes d'emploi (accessibilité gratuite et traduction de qualité).
  • Favoriser la location du matériel informatique sous forme de leasing sur de plus longues périodes (4 à 6 ans)
  • Encourager le consommateur à choisir des appareils évolutifs qui peuvent être facilement mis à jour.

Pénaliser l'obsolescence programmée

En France, une disposition pénale votée en 2015, punit de 2 ans de prison et de 300.000 euros d'amende, un fabricant qui utilise des techniques destinées à écourter délibérément la durée de vie d'un produit en vue d'inciter un consommateur à en acheter un nouveau !
 
Cette législation vise à la fois à protéger l'environnement et le consommateur. Finis les défauts fonctionnels d'une pièce irréparable, la cessation de production de pièces détachées, l'incompatibilité avec de nouveaux systèmes logiciels ? Pas sûr car le consommateur devra apporter la preuve de l'intention de l'industriel et prouver d'une part que la durée de vie est raccourcie - et être capable de calculer la durée de vie théorique d'un objet -, et, d'autre part, que l’industrie a utilisé une technique pour limiter la durée et que cette intention était délibérée.
 
Ne vaudrait-il pas mieux favoriser l'extension de la garantie de 2 à 5 ans et étendre la présomption du défaut de conformité de six mois à 2 ans ? Aujourd'hui, si la garantie légale est de 2 ans, le consommateur, après 6 mois, doit pourvoir prouver que le défaut préexistait. Difficile pour un consommateur face à un fabricant qui refuse de réparer en déclarant que la défaillance est due à une mauvaise utilisation du consommateur !
 
 
 
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