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Les gentils et les méchants
Saint Nicolas, le bienfaiteur du 6 décembre
Depuis le Moyen Âge en Alsace, comme dans le reste du bassin rhénan, les enfants attendent la visite du Nikläus (saint Nicolas) le 6 décembre. En effet, l'évêque de Myre en Asie mineure au 4èmesiècle est considéré comme le saint patron des enfants et son culte est attesté depuis le 11ème siècle.
Saint Nicolas, une tradition en Belgique, en Alsace et en Lorraine
Aujourd'hui encore, il est de coutume pour les enfants de déposer leurs chaussures devant la porte, avec quelques douceurs pour l'évêque et son âne. Le lendemain matin, les souliers débordent de chocolats, mandarines et Mannle. Ces derniers sont des bonhommes en brioche qui rappellent les trois enfants que le saint aurait sauvés du saloir de l'infâme boucher.
Représentation de Saint Nicolas, en bois polychromé
Le Père Noël, du Santa Claus au Wihnà chtsmà nn
Quand Père Noël remplace Saint Nicolas
À l'origine, c'est saint Niclaas, apporté
en Amérique par les colons néerlandais, qui donne naissance au Santa Claus américain. Il apparaît sous
ce nom pour
la première fois en 1823 dans un poème attribué à Clement Clarke Moore, The night before Christmas. Habillé de vert - couleur de l'espérance - et d'habits religieux, il respire la rigueur et parfois inspire la peur. De ce fait, les Etats-Unis modifie son aspect pour un être aux couleurs plus vives, rouges et aux formes plus rondouillardes.
Dès les années 1880, Santa Claus traverse à nouveau l'Atlantique et se mêle en Europe aux traditions locales de Saint Nicolas, d'un étrange « Homme hiver » nordique et même des croquemitaines traditionnels, comme le Hà ns Trà pp en Alsace. Il en résulte un curieux métissage. En France, il prend le nom de «Père Noël» et, dans les pays de langue allemande, celui de Weihnachtsmann, en Alsace Wihnà chtsmà nn.
L'imagerie 1900 regorge de ces pères Noël à l'aspect changeant,
parfois munis d'une crosse d'évêque, d'un sac plein de jouets ou d'un martinet,
tantôt vêtus de vert, de rouge, de violet voire multicolores. La confusion perdurera pendant des dizaines d'années. C'est ainsi qu'en Belgique, en Lorraine et en Alsace, Saint Nicolas et Père Noël sont fêtés et apportent les jouets aux enfants. Dans d'autres régions de France, seule, la légende de Père Noël persiste.
Chrischtkindel et Hà ns Jirià pp, gentils ou méchants
Au Saint Nicolas catholique répond le Chrischtkindel,à l'origine, protestant. Cette jeune femme, vêtue de blanc et liée à la sainte Lucie scandinave, couvre de cadeaux, les enfants sages, le soir du 24 décembre. Elle apparaît au 16ème siècle, comme avatar populaire de l'enfant Jésus, et donne son nom en 1570 au marché de Noël de Strasbourg, le Chrischtlkindelsmäirik. Paradoxalement, c'est une jeune fille, toute vêtue de blanc - symbole de la pureté - qui incarne l'enfant Jésus.
Le Chrischtlkindelsmäirik est le plus ancien marché de Noël à Strasbourg
Notons que le choix de Chrischtlkindelsmäirik, le marché de l'enfant Jésus apparaît comme une réponse de la religion protestante au Saint Nicolas, catholique. D'une part, car les protestants ne connaissent pas les saints et par voie de conséquence qu'ils ne peuvent apporter des cadeaux; et, d'autre part, que le cadeau de Dieu, c'est Jésus et non un quelconque jouet. Ce personnage est accompagné par un croquemitaine qui punit les enfants désobéissants. Appelé en Alsace Hà ns Trà pp, Rühpelz, Müllewitz ou, tout simplement, de Bees (le méchant), il est apparenté entre autres au Père Fouettard lorrain, au Knecht Ruprecht allemand, au Krampus alpin et même au Pelznickel brésilien.
À la fin du 19ème siècle, les familles alsaciennes commencent à s'approprier librement les différentes traditions. Ainsi, le Chrischtkindel fait également son entrée dans les familles catholiques, avant d'être supplanté, quelques générations plus tard, par le Père Noël.
Les nuits de l'Avent apparaissent de curieux personnages
Les nuits de l'Avent, et plus encore celles de la Petite Année, voient apparaître d'étranges ou inquiétants personnages dont beaucoup sont aujourd’hui tombés dans l’oubli.
Si selon les croyances populaires, le temps de l'Avant est propice à l'apparition de fantômes, le cycle des 12 jours qui séparant Noël de l’Épiphanie, est plus précisément celui du chasseur sauvage, dr wild Jager. Ce personnage sombre et inquiétant, chevauchant dans les airs, une monture blanche, emmène à sa suite une horde de démons et de revenants. Leur arrivée est annoncée par une étrange musique, des cliquetis ou l’appel de certains noms. Malheur à celui qui y répond, il est aussitôt emporté par le terrifiant cortège.
Durant la nuit des Saints lnnocents, le 28 décembre, les enfants morts sans baptême, à qui les Portes du Paradis demeurent interdites, reviennent hanter les vivants. Ils sont conduits par un mystérieux personnage féminin, Bechta. Celui qui entend la plainte d’un de ces malheureux et peut y répondre en lui donnant un nom chrétien, le délivre et lui permet de rejoindre les Saints Innocents.