A 40 ans, Hilde et John désirent augmenter leur effort d’épargne. Mais...
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Quand une erreur statistique diminue le bien-être des citoyens
2010. Les professeurs Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart de l'Université d'HARVARD publient une étude consacrée aux conséquences de la dette des États. Au-delà d’une dette publique de 90% du produit intérieur brut, l’économie d’un pays commence automatiquement à décliner.
2011. Cette étude est utilisée par de nombreux gouvernements pour justifier les nécessaires politiques d’austérité et de réduction des déficits publics. Ainsi, le commissaire européen Olli Rehn se référe régulièrement, à l'étude "Growth in a Time of Debt" de ces économistes pour légitimer les mesures d'austérité européennes et leurs conséquences sur le bien-être de la population.
Le hic ? 3chercheurs de l'Université du Massachusetts, Thomas Herndon, Michael Ash et Robert Pollin, ont découvert l'existence de plusieurs biais et erreurs dans l'étude de leurs confrères. Des erreurs d'encodage dans le tableur Excel dont notamment l'absence de plusieurs pays dont la Belgique qui possède la double caractéristique d'une dette publique importante et d'une forte résistance à la récession. De ce fait, la théorie d'Harvard est remise en cause par ces chercheurs qui constatent que l’endettement des pays n’a pas vraiment de conséquence sur leur croissance à long terme.
Troublant, certainement mais aussi interpellant. Quand une étude est publiée par une université de renommée mondiale et qu'lle sert à justifier des politiques qui influencent le bien-être de la population, il est de la responsabilité des auteurs de vérifier les données avant toute publication.
Surtout quand les conclusions de l'Université du Massachusetts prennent une orientation toute différente. La
croissance moyenne du PIB réel des pays dont le ratio dette-PIB est supérieur Ã
90% est de 2,2%, et non de -0,1% comme l'a calculé Harvard. L'Université du Massachusetts va même jusqu'à préciser qu'elle est incapable de trouver un point pivot où le degré d'endettement engendrerait un recul
mécanique de la croissance.
Une preuve supplémentaire, après les déclarations du FMI qu'il convient d'agir avec prudence quand on met en jeu le bien-être de citoyens.
2013. L'American Journal of
Public Health constate qu'en Grèce, le taux de mortalité résultant de suicides a
augmenté de 23% de 2007 à 2009 et que les réductions des dépenses en matière de santé
ont fait exploser le nombre de nouveaux cas de sida (+ 57% de 2010 Ã 2011). Quelques dommages collatéraux de la crise d'austérité !